Le directeur Kinoshita Hiroyoshi présente son point de vue sur Kōyasan aux visiteurs potentielsà ceux qui visiteront le site ainsi qu’et à ceux qui veulent en savoir plus sur Kōyasan, de façon simple et accessible.
Le vrai charme de Koyasan
Kōyasan se situe dans la partie nord-ouest de la préfecture de Wakayama.Bien que “san” signifie montagne, il n’y a aucune montagne appelée Kōyasan. Il s’agit en fait d’un bassin au sommet d’une montagne s’étendant sur 4 km d’est en ouest et sur 2 km du nord au sud, entouré de monts de 1000 m d’altitude.
Nous sommes il y a environ 1200 ans.Au début de la période Heian, en l’an 816, le moine bouddhiste et fondateur de l’école Shingon, Kūkai (de son nom posthume Kōbō-daishi), fonde le temple Kongōbuji à Kōyasan après avoir reçu l’accord de l’empereur Saga à son retour de la Chine des Tang.
Lorsque Kūkai fonde Kōyasan, il construit d’abord un sanctuaire shintoïste. Il est à noter que le sanctuaire est situé plus haut que l’endroit où les halls bouddhistes sont rassemblés.On a tendance à oublier qu’en réalité, le sanctuaire est au centre du site. Kōyasan s’apparente ainsi à un “temple-sanctuaire” combinant des éléments à la fois bouddhistes et shintoïstes.
Dans les temps anciens, les Japonais croyaient profondément aux kami, ou dieux shinto. En ce sens, Kūkai était typiquement japonais et vénérait la montagne en tant que dieu. La porte principale était initialement un torii de couleur vermillon, comme on en trouve à l’entrée des sanctuaires shinto, et Kōyasan était un lieu très important aussi pour les adorateurs de la montagne.
Encore aujourd’hui, les abbés de Kōyasan se réfèrent aux rituels shinto annuels du site comme les “kami-sama goto”.La déesse du sanctuaire, Niu Myōjin, est une figure centrale.De nombreuses divinités des montagnes au Japon sont des femmes, comme celle du mont Fuji. A l’origine, les femmes étaient considérées comme des êtres déifiés et sacrés.
Shintoïsme, bouddhisme, culte de la montagne : différentes religions et croyances se trouvent ainsi réunies ici, dans le respect mutuel. C’est ce que Kūkai a exprimé dans ses écrits et ses dessins appelés mandalas. Et c’est de ce genre de charmes que regorge Kōyasan.
L’histoire de Koyasan à travers les pagodes en pierre
Dans la partie nord-est de Kōyasan se trouve un endroit appelé “Okuno-in”. C’est là que se situe le mausolée où Kōbō-daishi (Kūkai) est entré dans s a méditation éternelle en 835.
Des pagodes de pierre, dont on estime officiellement le nombre à 300 000, entourent ce mausolée à Okuno-in. La construction de pagodes en pierre n’a pas cessé d epuis le début de la période Kamakura (1185-1221) jusqu’à nos jours. Aucun autre temple au Japon ne compte autant de pagodes en pierre que Kōyasan.
De part et d’autre du chemin d’Okuno-in long de 2 km, se dressent de vieilles pagodes en pierre recouvertes de mousse. Parmi celles-ci se trouvent celles de célèbres seigneurs de guerre de tout le Japon et d’autres éminents personnages. Le site a la particularité d’être la sépulture non seulement de gens de pouvoir mais aussi de gens ordinaires. Mais pourquoi y a-t-il tant de pagodes en pierre à proximité du mausolée de Kūkai ?
Le bouddhisme est né avec Shakyamuni, qui a vécu il y a environ 2 500 ans, entre les Ve et IVe siècle avant JC. Dans le bouddhisme, on considère que 5,67 milliards d’années après que Shakyamuni fut entré dans le nirvana à l’âge de 80 ans, Maitreya descendra dans ce monde pour atteindre l’illumination sous l’arbre de la Bodhi et prêcher trois fois, afin de sauver l’humanité.On pense également que Maitreya apparaîtra avec Kūkai ici à Okuno-in, Kōyasan, dans 5,67 milliards d’années.
La culture de l’hébergement des pèlerins à Koyasan
Il y a environ 117 temples à Kōyasan. Beaucoup d’entre eux offrent un logement aux fidèles pour passer la nuit. C’est le cas du Shōjōshin-in. Les clients des logements du temple peuvent observer de près les pratiques des moines et participer au service bouddhiste du matin (chants de sutras et adoration du Bouddha).
Les repas dans les logements relèvent de la cuisine végétarienne bouddhiste. Le bouddhisme interdisant de tuer, vous dégusterez des plats sans ingrédients d’origine animale comme la viande et le poisson, et sans légumes au goût prononcé comme l’ail. L’hébergement dans un temple est le meilleur moyen de découvrir le véritable Kōyasan tel qu’il est, et non comme un site touristique.
D’après les recherches du professeur émérite Yamakage Kazuo de l’Université Kōyasan, le système d’hébergement des temples est mentionné pour la première fois dans des documents de la période Nanbokucho (1334-1393). Bien que le système fût d’abord vu d’un mauvais œil à Kōyasan, il se répandit pendant la période Muromachi (1394-1569). Plus tard, les temples de Kōyasan bénéficièrent du soutien des seigneurs féodaux de la période des Royaumes en guerre (1467-1615) qui en firent leurs lieux de sépulture. On suppose qu’au fur et à mesure que ces seigneurs utilisaient les temples comme hébergements lorsqu’ils visitaient Kōyasan pour le culte, leurs liens avec le monastère devinrent de plus en plus forts.
Les rapports du Kōyasan avec les classes privilégiées pendant l’époque d’Edo (1603-1867), s’inscrivirent ent dans la continuité des relations avec les clans féodaux. Le complexe monacal de Kōyasan gagna en popularité avec un nombre croissant de fidèles. Le nombre de temples atteignit un maximum de 2 000, avant de se stabiliser à 600 à la fin de la période Edo (1781-1867). Les temples les plus importants se voyaient attribuer 35 koku*. Les paysans au pied des montagnes montaient jusqu’aux temples pour leur livrer l’impôt sous forme de riz.
Il est intéressant de noter que les paysans fidèles se faisaient un plaisir de livrer leur riz aux temples, dont le Kongōbuji. Plutôt qu’une taxe, il considéraient certainement cela comme une offrande au Bouddha et aux temples car, même après l’abolition de ce système de taxation, cette pratique se poursuivit jusqu’en 1965 environ sous la forme d’une coutume appelée zōjinobori. Bien qu’elle soit aujourd’hui abandonnée, les paysans au pied des montagnes ont perpétué la culture du don volontaire de légumes, de produits de base et de riz.
Ces dernières années, un mouvement tente de faire revivre le zōjinobori. Afin de transmettre cette merveilleuse tradition aux générations futures, le temple Shōjōshin-in a commencé à utiliser le plus de légumes zōjinobori possible dans sa cuisine végétarienne bouddhiste.
*Koku (ou Goku) : Unité de mesure faisant référence à la production agricole des terres convertie en unité de riz. Un koku correspondait à la quantité de riz pour la consommation annuelle d’un adulte.